Arathor et les Guerres des trolls
2.800 ans avant Warcraft I
Pendant que les hauts-elfes se battaient jusqu'à la mort pour repousser les assauts des trolls, les humains de Lordaeron, nomades et disséminés, s'affrontaient entre eux pour consolider leurs propres terres tribales. Les tribus des premiers humains s'attaquaient entre elles sans soucis d'unification ou d'honneur. Pourtant, une tribu, les Arathis, comprit que les trolls devenaient une menace trop grande pour être ignorée. Les Arathis souhaitaient rassembler toutes les tribus sous leur coupe pour former un front uni contre les armées trolles.
Pendant six ans, les rusés Arathis parvinrent à déjouer les attaques de leurs rivaux et à les battre jusqu'aux derniers. Après chaque victoire, les Arathis offraient paix et égalité aux tribus conquises. Ainsi, ils gagnèrent la loyauté de ceux qu'ils avaient battus. Les Arathis finirent par conclure des pactes avec de nombreuses tribus disparates, ce qui accrut grandement les rangs de leur armée. Assurés de pouvoir contenir les guerriers trolls et même les solitaires elfes si le besoin s'en faisait sentir, les chefs de guerre arathis décidèrent de construire une imposante cité fortifiée dans le Sud de Lordaeron. Cette cité état, appelée Strom, devint la capitale de la nation arathie, Arathor. Comme Arathor prospérait, les humains, venus de tous les coins du continent, migrèrent vers le sud pour s'installer dans l'enceinte protectrice et salvatrice de Strom.
Unis sous une bannière unique, les tribus humaines développèrent une culture forte et pleine d'espoir. Thoradin, le roi d'Arathor, savait que les mystérieux elfes des contrées du Nord étaient constamment assiégés par les trolls, mais refusa de risquer la sécurité de son peuple pour défendre la vie d'étrangers reclus. Et même si, au fil des mois, les rumeurs annonçant la défaite des elfes se faisaient de plus en plus insistantes, ce n'est que lorsque des ambassadeurs épuisés en provenance de Quel'Thalas atteignirent Strom que Thoradin prit réellement conscience de la menace représentée par les trolls.
Les elfes informèrent Thoradin que les armées trolls étaient vastes et qu'une fois Quel'Thalas détruite, ils viendraient prendre le Sud d'assaut. Les elfes, désespérés, ayant besoin d'un soutien militaire, consentirent avec hâte d'enseigner la magie à des humains triés sur le volet en échange d'un soutien contre les trolls. Thoradin, qui se méfiait de la magie, accepta par nécessité de venir en aide aux elfes. Dans la foulée, des sorciers elfes arrivèrent à Arathor et commencèrent à enseigner la magie à un groupe d'humains. Les elfes trouvèrent que bien que les humains fussent foncièrement maladroits dans la maîtrise de la magie, ils possédaient pour elle une affinité naturelle étonnante. Une centaine d'hommes apprit les bases des secrets elfiques en matière de magie, pas plus qu'il n'était nécessaire pour combattre les trolls. Convaincus que les étudiants humains étaient prêts à rentrer dans la bataille, les elfes quittèrent Strom et voyagèrent vers le nord avec les puissantes armées du roi Thoradin.
Elfes et humains unis allèrent défier les terribles guerriers trolls au pied des montagnes d'Alterac. La bataille dura plusieurs jours, mais les armées d'Arathor tinrent bon et ne concédèrent pas un pouce de terrain sous les assauts des trolls. Les seigneurs elfes jugèrent qu'il était temps de se servir de leurs pouvoirs contre leur ennemi. La centaine de mages humains et une multitude de sorciers elfes invoquèrent la colère des cieux et embrasèrent les guerriers trolls. Les flammes élémentaires empêchèrent les trolls de se régénérer et de soigner les blessures qui les torturaient, et consumèrent leur âme de l'intérieur.
Les trolls ne parvinrent jamais à se remettre complètement de cette défaite et l'histoire n'a jamais fait mention d'une nation trolle depuis ce jour. Assurés que Quel'Thalas était sauvée de la destruction, les elfes firent acte d'allégeance et d'amitié envers la nation d'Arathor et à la lignée de son roi, Thoradin. Humains et elfes allaient entretenir des relations pacifiques pendant les siècles à venir.
Les Gardiens de Tirisfal
2.700 ans avant Warcraft I
Débarrassés des trolls dans les contrées du Nord, les elfes de Quel'Thalas se concentrèrent sur la reconstruction de leur glorieuse cité. Les armées victorieuses d'Arathor retournèrent chez elles dans les contrées du sud de Strom. La société des humains d'Arathor grandit et prospéra, mais Thoradin, craignant que son royaume ne vole en éclat s'il s'étendait trop rapidement, conserva Strom comme cœur de l'empire arathorien. Après des années de croissance et de commerce sans conflits, Le puissant Thoradin mourut de vieillesse, laissant la jeune génération d'Arathor étendre sans entrave l'empire au-delà du territoire de Strom.
La centaine de mages humains, à qui les elfes avaient à l'origine enseigné la magie, étendirent leurs pouvoirs et étudièrent beaucoup plus profondément les disciplines mystiques. Ces mages, choisis dès le départ pour leur forte volonté et leur noble esprit, avaient toujours utilisé la magie avec soin et responsabilité. Malgré cela, ils transmirent leurs secrets et leurs pouvoirs à une nouvelle génération qui n'avait pas vécu les rigueurs de la guerre et ne comprenait pas la nécessité de se restreindre. Ces jeunes magiciens commencèrent à pratiquer la magie pour leur propre intérêt plutôt que pour celui de leurs concitoyens.
L'empire grandit et s'étendit vers de nouvelles terres et les jeunes mages se répandirent également dans toutes les contrées méridionales. Se servant de leurs pouvoirs mystiques, ils protégeaient leurs frères des créatures sauvages et rendaient possible la construction de nouvelles cités états sur des terrains peu hospitaliers. Pourtant, au fur et à mesure que leurs pouvoirs s'accroissaient, les mages devenaient de plus en plus vaniteux et commençaient à s'isoler du reste de la société.
Dalaran, la seconde cité état arathorienne fut fondée sur les terres au nord de Strom. De nombreux sorciers émérites quittèrent le confinement étouffant de Strom et émigrèrent à Dalaran où ils pensaient être en mesure d'utiliser leurs nouveaux pouvoirs avec une plus grande liberté. Ces mages se servirent de leurs compétences pour bâtir les tours enchantées de Dalaran et puis se remirent à leurs études. Les citoyens de Dalaran toléraient les frasques des mages et bâtirent une économie forte sous la protection de leurs défenseurs adeptes de la magie. Pourtant, plus le nombre de mages pratiquant leur art augmentait, plus le tissu de la réalité entourant Dalaran s'affaiblissait et se fissurait.
Les sinistres agents de la Légion ardente, qui avaient été bannis lors de l'implosion du Puits d'éternité, furent de nouveau attirés vers ce monde par les incantations magiques et l'insouciance des mages de Dalaran. Ces démons, bien que relativement faibles, semèrent la confusion et le chaos dans les rues de Dalaran. La plupart des manifestations démoniaques n'étaient que des évènements isolés et les magiocrates firent ce qui était en leur pouvoir pour étouffer de telles affaires. Les mages les plus puissants furent envoyés pour capturer ces démons, mais les agents isolés de la Légion ardente avaient souvent le dessus sur les mages qui perdaient tout espoir.
Les mois passèrent et la paysannerie superstitieuse commença à suspecter les sorciers qui les gouvernaient de leur cacher quelque chose de terrible. Les rumeurs de révolution commencèrent à courir dans les rues de Dalaran alors que la paranoïa des citoyens les poussait à mettre en cause les motifs et les pratiques des mages qu'autrefois ils admiraient. Les magiocrates, apeurés à l'idée que les paysans se révoltent et que Strom ne choisisse d'agir contre eux, se tournèrent vers les seuls qu'ils pensaient pouvoir comprendre leur singulier problème : les elfes.
Après avoir entendu les magiocrates leur conter les activités démoniaques en cours à Dalaran, les elfes dépêchèrent rapidement leurs plus puissants sorciers dans les territoires humains. Les sorciers elfes étudièrent les courants d'énergies de Dalaran et rendirent des rapports détaillés sur toutes les activités démoniaques dont ils étaient témoins. Ils conclurent que malgré le nombre réduit de démons en liberté, la Légion elle-même resterait une grande menace tant que les humains continueraient à manier la magie.
Le Concile de Lune-d'argent, qui gouvernait les elfes de Quel'Thalas, signa un pacte secret avec les seigneurs magiocrates de Dalaran. Les elfes racontèrent l'histoire de l'ancienne Kalimdor et de la Légion ardente aux magiocrates, une histoire qui menaçait de les rattraper. Ils informèrent les humains que tant qu'ils utiliseraient leurs pouvoirs magiques, ils devraient protéger leurs concitoyens des agents maléfiques de la Légion. Les magiocrates proposèrent de désigner un champion mortel unique qui se servirait de l'ensemble de leurs pouvoirs afin de combattre les Légions dans une guerre secrète sans fin. Il fut assuré maintes fois que la majorité de l'humanité n'apprendrait jamais l'existence de ce Gardien ou de la menace de la Légion de peur qu'elle ne provoque des révoltes de panique paranoïaque. Les elfes acceptèrent cette proposition et fondèrent une société secrète qui prendrait en charge la sélection des Gardiens et les aiderait à juguler la montée du chaos partout dans le monde.
La société se réunissait en secret dans les clairières ombragées de Tirisfal, le lieu même où les hauts-elfes s'étaient installés pour la première fois en Lordaeron. En conséquence, ils nommèrent cette secte les Gardiens de Tirisfal. Les champions mortels choisis au fil du temps pour tenir le rôle de Gardien étaient dotés de pouvoirs incommensurables à la fois d'origine humaine et elfique. Bien qu'il ne pût y avoir qu'un seul Gardien à la fois, ils détenaient des pouvoirs tels qu'à eux seuls, ils pouvaient repousser les agents de la Légion lorsque celle-ci se manifestait dans le monde. Seul le Conseil de Tirisfal était autorisé à choisir un successeur digne d'assumer les responsabilités de Gardien. Quand un Gardien devenait trop vieux ou trop usé par cette guerre secrète contre le chaos, le Conseil en désignait un nouveau et transférait les pouvoirs du Gardien à son nouvel agent. Les générations passèrent et les Gardiens défendirent l'humanité de la menace invisible de la Légion ardente à travers tous les territoires d'Arathor et de Quel'Thalas. Arathor s'agrandit et prospéra alors que l'utilisation de la magie s'étendait à tout le royaume. Pendant ce temps, les Gardiens gardaient un œil vigilant sur les signes d'activité démoniaque.
Les Sept royaumes
1.200 ans avant Warcraft I
Strom était toujours le nœud central d'Arathor, mais tout comme Dalaran, de nombreuses nouvelles cités états avaient émergé sur tout le continent de Lordaeron. Gilnéas, Alterac et Kul Tiras furent les premières cités états à émerger, et bien qu'elles eussent toutes des coutumes et une économie propres, elles restèrent toutes fidèles à l'autorité unificatrice de Strom.
Sous la surveillance vigilante de l'Ordre de Tirisfal, Dalaran devint le centre névralgique de l'enseignement de la magie dans tout le pays. Les magiocrates qui gouvernaient Dalaran fondèrent le Kirin Tor, une secte spécialisée qui était chargée de rechercher et de cataloguer tous les sorts, artefacts et objets magiques connus de l'humanité.
Gilnéas et Alterac devinrent de fervents partisans de Strom et développèrent de puissantes armées qui explorèrent Khaz Modan dans les régions montagneuses du Sud. C'est pendant cette période que les humains rencontrèrent pour la première fois l'ancienne race des nains et voyagèrent jusque dans l'énorme cité souterraine d'Ironforge. Les humains et les nains partagèrent leurs secrets sur la forge du métal et l'ingénierie et se découvrirent un amour commun pour le combat et les contes.
La cité état de Kul Tiras, construite sur une grande île au sud de Lordaeron, développa une économie florissante basée sur la pêche et le transport maritime. Avec le temps, Kul Tiras bâtit une puissante flotte de vaisseaux marchands qui voyageaient à travers les contrées connues à la recherche de marchandises exotiques pour en faire le commerce et les vendre. Et alors que l'économie d'Arathor florissait, ses plus puissants éléments commençaient à se désagréger.
Plus tard, les seigneurs de Strom cherchèrent à transférer leurs domaines dans les luxuriantes contrées du nord de Lordaeron et quittèrent les arides contrées du sud. Les héritiers du roi Thoradin, les derniers descendants de la lignée des Arathis, déclarèrent que Strom ne devait pas être abandonnée et par là même s'attirèrent le mécontentement de l'ensemble des citoyens qui étaient également impatients de quitter le pays. Très loin au nord de Dalaran, les seigneurs de Storm bâtirent une nouvelle cité état qu'ils nommèrent Lordaeron. Le continent dans son ensemble tirerait son nom de cette cité état. Lordaeron devint un havre pour tous les pèlerins et tous ceux qui recherchaient la sérénité et la sécurité.
Les descendants des Arathis, abandonnés à même les murs tombant en ruine de l'ancienne Strom, décidèrent de voyager vers le Sud et de traverser les montagnes de Khaz Modan. Leur voyage prit fin après de longues saisons et ils s'installèrent dans les régions septentrionales du continent qu'ils nommeraient Azeroth. Ils fondèrent le royaume de Stormwind au Cœur d'une vallée fertile, royaume qui devint lui-même rapidement une puissance autosuffisante.
Le peu de guerriers restant à Strom décida d'y demeurer et de garder les anciens remparts de leur cité. Strom n'était plus le centre de l'empire, mais elle se développa en une nouvelle nation connue sous le nom de Stromgarde (ce qui signifie le « rempart-de-Strom »). Chaque cité état prospérant indépendamment des autres, l'empire d'Arathor s'était effectivement désintégré. Alors que chaque nation développait ses propres coutumes et croyances, elles s'isolèrent graduellement les unes des autres. Les projets du roi Thoradin pour unir les hommes avaient fini par se perdre dans le néant ...